mercredi 15 juillet 2015

Des crèmes glacées à la qualité artisanale et au bon goût de... luttes sociales

Par Benoit Borrits
La coopérative de production de crèmes glacées La Fabrique du Sud prépare sa seconde saison estivale avec sa marque La Belle Aude. Ayant pris la suite de l’usine Pilpa, fermée par un fonds d’investissement, ces ex-salariés de l’entreprise réinventent de nouvelles façons de travailler, plus démocratiques et plus respectueuses du consommateur et de l’environnement. Reportage au sein de leur fabrique de Carcassonne.

Carcassonne. Fin de semaine à la Fabrique du Sud, la nouvelle coopérative de production de crèmes glacées, lancée après un an de lutte suite à la fermeture du site Pilpa. En ce vendredi après-midi, comme dans d’autres usines et ateliers, les machines s’arrêtent, les bureaux se ferment. Pourtant, devant le parking déjà désert, des salariés s’activent pour charger une camionnette. « As-tu déjà embarqué les dernières documentations ? Le présentoir est-il là ? » Le camion se prépare pour passer le weekend dans le village voisin de Villemoustaussou, où se déroule une foire gourmande. Les anciens de Pilpa, leur lutte et leur nouvelle gamme de glaces La Belle Aude, font désormais partie du paysage local.

Ils reviennent pourtant de très loin, ces anciens de Pilpa. A l’origine, c’était la filiale d’une coopérative agricole, 3A, qui livrait ses glaces aux marque de la grande distribution [1]. En septembre 2011, la filiale est vendue à son principal concurrent, et leader européen sur ce marché, R&R Ice cream, qui appartient à un fonds d’investissement états-unien. Dix mois plus tard, la fermeture du site de Carcassonne est annoncée. R&R récupère le portefeuille des marques de Pilpa, et centralise la production en Bretagne. Plus de cent salariés sont laissés sur le carreau. Sans oublier les intérimaires recrutés au printemps pour préparer la saison estivale.

La lutte commence, largement appuyée par la population locale. Un an plus tard, en juillet 2013, les salariés signent un accord avec R&R : tous obtiennent des indemnités de licenciement (entre 14 et 37 mois de salaire brut ), et un budget de formation de 6000 euros par salarié. Par ailleurs, R&R appuie la formation d’une société coopérative (Scop) à condition que celle-ci ne se positionne pas sur le créneau des marques de distributeurs. Plusieurs machines sont cédées, et plus d’un million d’euros est investi. En avril 2014, dix neuf salariés-sociétaires lancent la Fabrique du Sud, une coopérative ouvrière, qui propose des crèmes glacées de qualité artisanale avec des ingrédients naturels et si possible locaux, sous la marque La Belle Aude.
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