dimanche 11 décembre 2016

Alep : la propagande et les bombes

Comme il était prévisible, les troupes de Bachar Al-Assad ont fini par reprendre Alep-Est, que tenaient les rebelles depuis 2012. En fait, les troupes au sol du régime de Damas, aidées par des milices iraniennes et les Libanais du Hezbollah, n’ont fait que parachever un succès militaire préparé par plus d’un an d’intenses bombardements des aviations russe et syrienne. Des bombardements qui, dans les derniers temps, ont ciblé systématiquement les hôpitaux et les centres de soin, selon la stratégie du "tapis de bombes" que Vladimir Poutine avait déjà appliquée à Grozny, en 1999 et 2000. Près de 400 civils ont péri au cours des quinze jours qui ont précédé l’offensive finale, tandis que 80 000 personnes tentaient de rejoindre la partie occidentale de la ville tenue par le régime et donc épargnée par les raids aériens. Sur le plan diplomatique - si l’on peut encore employer ce mot -, huit résolutions des Nations unies se sont heurtées au veto russe. La dernière en date, également rejetée par la Chine, appelait à une trêve humanitaire. Bachar Al-Assad et Poutine, dont l’objectif est d’anéantir toute résistance, redoutaient que ce répit ne permette aux rebelles de reconstituer leurs forces.
Mais qu’appelle-t-on "rebelles" ? La question fait débat jusqu’au sein de la gauche française. L’extrême violence de la répression s’appuie sur un discours qui est celui de Bachar Al-Assad depuis le début du soulèvement, en mars 2011, pour qui chaque opposant est un "terroriste". Selon une terminologie à peine plus subtile, la propagande russo-syrienne s’applique également à confondre "djihadistes" et "combattants". Si à Alep-Est, les premiers ne sont en réalité que deux ou trois cents, les combattants, pour la plupart des civils entrés dans l’Armée syrienne libre, sont eux sans doute encore plusieurs milliers. Il s’agit pour Damas de nier le caractère populaire du soulèvement. Faute de la moindre légitimité démocratique, le régime tente de s’appuyer sur la peur que suscite le djihadisme. Il n’a d’ailleurs pas hésité a donné parfois un coup de pouce aux djihadistes de Daech. On se souvient notamment qu’en décembre 2013, l’aviation syrienne avait frappé les positions des rebelles tandis que ceux-ci tentaient de repousser une offensive de Daech sur Alep.
Malgré le succès militaire de ces derniers jours, et en dépit de l’écho de sa propagande, on imagine mal que Bachar Al-Assad, après 300 000 morts et des attaques au gaz contre la population, puisse se maintenir au pouvoir. Cela dépendra beaucoup de Moscou quand reviendra le temps de la recherche d’une solution politique. Après le massacre.

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