jeudi 29 décembre 2016

Précarité et chômage de masse, le seul bilan de François Hollande

sur un an, toutes catégories confondues, la hausse est plus nette, de 1,5/%, le nombre de chômeurs passant de 6 143 400 à 6 238 400. photo Marta NASCIMENTO/REA
Marta NASCIMENTO/REA
Si le gouvernement se félicite de voir diminuer le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A, une première depuis 2008, les syndicats alertent sur l’explosion de la précarité et dénoncent l’échec de la politique du gouvernement.
«C’est la satisfaction du travail engagé », a lancé lundi François Hollande en réaction à la publication des chiffres du chômage du mois de novembre, l’œil rivé comme toujours sur la seule catégorie A (celle regroupant les personnes n’ayant eu aucune activité durant le mois). Celle-ci a connu un nouveau recul pour le troisième mois d’affilée. Une première depuis 2008. Une bonne nouvelle que Manuel Valls n’a pas manqué de souligner, vingt minutes seulement après la publication des chiffres. « Depuis janvier 2016, il y a 135 000 demandeurs d’emploi en moins. Le chômage baisse durablement dans notre pays. Continuons ! » Or, si le nombre des personnes inscrites dans cette catégorie s’est établi à 3,45 millions en novembre, en recul de 31 800 par rapport à octobre, en revanche, toutes catégories confondues, les demandeurs d’emploi ont augmenté de 23 500 (+ 0,4 %). Sur un an, la hausse est plus nette, de 1,5 %, le nombre de chômeurs passant de 6 143 400 à 6 238 400. « Un chômage qui reste à des niveaux très élevés », souligne l’économiste du groupe de protection sociale Humanis, Stéphanie Villers. D’autant que l’amélioration vantée par le président de la République n’est due qu’à un accroissement de la précarité.

Faire passer cette baisse en trompe-l’œil

Ainsi, les catégories B et C, qui regroupent les personnes sous contrats précaires, ont bondi de 8 %, passant de 1 878 100 à 2 028 800, relève la CGT dans son communiqué. « Si nous conjuguons ces chiffres avec la diminution de l’indemnisation, nous ne pouvons pas voir là une embellie mais bel et bien une explosion de la précarité », a également affirmé la CGT. Un constat partagé par Force ouvrière qui de son côté voit dans ces chiffres « un enracinement de la précarisation des demandeurs d’emploi » qui « fait la démonstration, s’il le fallait, de la nécessité de la mise en place d’un système de bonus/malus sur les contrats de travail de courte durée ». Le syndicat de Jean-Claude Mailly a également alerté sur la situation « catastrophique » des plus de 50 ans qui ne « sont pas concernés par les reprises d’emploi, même précaires ».
Mais peu importe pour le gouvernement, même si le prix à payer est d’avoir plus de travailleurs pauvres, de précaires et un accroissement des inégalités, l’essentiel étant de faire passer cette baisse en trompe-l’œil comme le fruit de sa politique. En commençant par mettre en avant les formations dont bénéficient les demandeurs d’emploi dans le cadre du plan 500 000 formations supplémentaires. En novembre, 14 100 demandeurs d’emploi supplémentaires ont ainsi basculé en catégorie D (+ 4,3 % en un mois, mais aussi + 4 % sur les trois derniers et, surtout, + 21,9 % sur un an). Une bonne chose, estime Stéphanie Villers, « car on sait que ceux qui subissent le plus le chômage sont les jeunes sans formation », mais encore « faut-il que ces formations soient en phase avec le besoin des entreprises », ajoute-t-elle. Qui, selon de nombreux analystes, sont plutôt utiles pour « maquiller les chiffres ».

Une tendance qui pourrait bien s’inverser

Idem pour le crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice), les 40 milliards d’euros par an octroyés aux entreprises sans condition. Soit l’équivalent de 300 000 euros par emploi créé en 2016… « C’est quelque chose de considérable et qui, à ce stade, est arrivé à un maximum qui n’a pas de raison d’être poursuivi (à cette) ampleur importante », a affirmé la socialiste Karine Berger, soutien du candidat à la primaire socialiste Vincent Peillon. D’autant que la tendance pourrait bien s’inverser, comme l’a d’ailleurs reconnu le président de la République : « Il faut faire attention parce que, le mois prochain, il y aura peut-être une augmentation. (…) Rien n’est joué. » Jusqu’ici François Hollande a bénéficié d’une croissance plus forte en emplois. Puisque, « avec 1,2 % de croissance ; on crée 1 % d’emplois en plus, expliquait, lors du dernier point de conjoncture, le chef de la division synthèse conjoncturelle de l’Insee, Dorian Roucher. Dans les années 2000, il fallait 3 % de croissance pour augmenter l’emploi de 1,5 % », avait-il ajouté. Or, les prévisions de croissance ne cessent d’être révisées à la baisse. En attendant, le taux de chômage devrait se stabiliser, les créations étant tout juste suffisantes pour absorber l’accroissement de la population active, et passer sous la barre des 10 %, en atteignant 9,8 % mi-2017. Sans toutefois retrouver, d’ici à la fin du quinquennat de François Hollande, son niveau du début de mandat.

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