mardi 28 février 2017

Pierre Laurent : « Notre responsabilité est de nous unir pour ouvrir une voie nouvelle »

« Une majorité parlementaire ne pourra être vraiment de gauche que si elle compte plus de députés communistes et du Front de gauche qu’elle n’en avait en 2012. » Photo : Lahcene Abib
Le secrétaire national du PCF revient sur la situation à gauche, où la volonté populaire rejoint le travail patient des communistes pour un rassemblement à gauche. Pierre Laurent appelle, notamment, à un projet beaucoup plus ambitieux et transparent face à la droite et au FN.

Alors que la plupart des journaux titraient il y a encore une semaine sur l’enterrement du rassemblement à gauche, un climat nouveau s’est créé depuis ce week-end. Les électeurs écologistes ont approuvé hier à une très large majorité l’accord conclu entre Yannick Jadot et Benoît Hamon, alors que celui-ci a rencontré Jean-Luc Mélenchon vendredi soir. Dès le début de la semaine dernière, le PCF, avec son adresse au peuple de France, avait rappelé l’enjeu d’un tel rassemblement face aux dangers de la droite et du FN, en posant ses exigences pour « un pacte de majorité » qui garantisse le changement. Entretien.
L’accord conclu jeudi entre le candidat socialiste et EELV représente-t-il une première étape du rassemblement de la gauche que vous appelez de vos vœux ?
PIERRE LAURENT Une chose est sûre, et je m’en félicite, un climat nouveau s’est créé à gauche ces dernières semaines. Cela a été rendu possible par la poussée de la volonté d’unité chez les électeurs de gauche autour de programmes de rupture avec les politiques conduites par François Hollande. C’est heureux, parce que les menaces sont très graves. L’initiative qu’a prise le PCF en début de semaine dernière avec son adresse au peuple de France, au moment où les journaux titraient sur l’enterrement du rassemblement à gauche, a joué un rôle extrêmement positif. Les discussions doivent s’élargir pour passer d’un accord PS-EELV, avec ses acquis et ses limites, à un pacte de majorité de toute la gauche qui permettra de gouverner.

lundi 27 février 2017

Le maire de Charvieu-Chavagneux et conseiller départemental, Gérard Dezempte (divers droite),

Le maire de Charvieu-Chavagneux et conseiller départemental, Gérard Dezempte (divers droite), a indiqué hier qu’il accorderait son parrainage à Marine Le Pen (Front national) dans le cadre de l’élection présidentielle.
Sa décision a été prise « dans un souci de respect de la démocratie à laquelle nous sommes tous attachés », a-t-il détaillé.
Gérard Dezempte a expliqué avoir « mûrement réfléchi » et avoir considéré « l’état du rapport des forces électorales aux élections européennes et régionales, qui confirme le Front national comme premier parti de France ».
Et avoir tenu aussi compte du fait que « Marine Le Pen, candidate à l’élection présidentielle soutenue par ce parti, se place largement en tête des intentions de vote des Français ».
Alors il dit : « Il m’apparaît inconcevable qu’un manque de parrainages puisse l’empêcher de se présenter à cette élection. Je suis conforté dans ma décision par le fait que Marine Le Pen s’est engagée clairement en faveur de la préférence nationale et de la défense de notre identité, enjeux que j’ai toujours considérés comme primordiaux ».
Par P.-E.B. | Publié le 14/02/2017 à 06:03

Cécile Alduy. « Quand les mots du politique sont brouillés et dénaturés, c’est la démocratie qui perd »

Dans cette année électorale à hauts risques, la campagne pour l’élection présidentielle présente un niveau d’incertitude inédit, sous lequel se dessine une reconfiguration profonde du champ politique. S’y greffent « la confusion des signes et le brouillage de la parole politique », observe Cécile Alduy.

Professeure de littérature française à Stanford University (Californie) et chercheuse associée au Cevipof (Sciences-Po), elle « ne s’intéresse pas au ballet des personnes, mais à la dynamique des discours ». Alors pour savoir « Ce qu’ils disent vraiment » – titre de son récent ouvrage –, elle a appliqué à l’expression publique, de 2014 à 2016, des candidats Le Pen, Fillon, Mélenchon et de ceux qu’ils ont supplantés – Hollande, Sarkozy, Juppé – une analyse scientifique utilisant programmes informatiques et grille de lecture sémiotique fine. Afin de « dégager les structures profondes et la vision du monde et de la société française des principales figures qui façonnent le débat politique ». Elle en présente ici les principaux enseignements et enjeux.
Rarement bataille pour l’élection présidentielle aura été une équation à autant d’inconnues. De primaires en scandales à rebondissements, de ralliements transpartisans en défections individuelles, le plus grand flou règne sur le scénario même de la campagne : quels candidats seront vraiment en lice ? Avec quels programmes ? Sur quels thèmes vont-ils s’affronter ? Au-delà du casting à suspense, c’est une reconfiguration profonde du champ politique qui s’annonce, avec une quadri-polarisation inédite (FN, droite, centre, gauche) qui perturbe le jeu traditionnel de la Ve République et redistribue les cartes – et les mots – sur l’échiquier politique. Car, aux inconnues traditionnelles de tout scrutin (abstention, mouvements d’opinion, aléas de campagne), s’ajoute une source d’incertitude plus retorse, plus dommageable aussi pour le jeu démocratique : la confusion des signes et le brouillage de la parole politique.
Comment s’y repérer en effet lorsque Emmanuel Macron cite tantôt Jean Jaurès, Pierre Mauroy ou Roger Salengro le 14 janvier 2017 à Lille, en terres autrefois socialistes, tantôt encense Simone Veil, Jacques Chirac et Philippe Séguin, dans un appel du pied aux déçus du fillonisme le 4 février à Lyon ? Ou lorsque, en pleine primaire de la Belle Alliance populaire, Manuel Valls reprend à la droite sarkozyste et au Front national le concept d’« assimilation » comme critère d’accès à la nationalité française, après s’être interrogé pendant l’été 2016 sur la compatibilité de l’islam avec la République ? Comment ne pas être perplexe quand François Fillon, fier descendant d’une famille de Vendéens convaincus, récupère les symboles de la Révolution de 1789, moment fondateur du clivage droite/gauche, et promet de « faire tomber les Bastilles », pour ensuite préciser : « La Bastille des 35 heures. La Bastille du Code du travail… La Bastille de l’impôt confiscatoire… La Bastille de la dépense publique… La Bastille de l’égalitarisme… La Bastille de l’assistanat » ? Mme Le Pen avait déjà fait une OPA sur la laïcité en 2012. Elle campe à présent en féministe à tous crins, citant Simone de Beauvoir et Badinter. Dans cette stratégie rhétorique d’accaparement permanent des références historiques et des mots valeurs du camp adversaire, on ne s’étonnera bientôt plus que la seule personnalité citée dans le programme du Front national soit… Jean Zay, ministre de l’Éducation du gouvernement Blum, résistant emprisonné par Vichy, panthéonisé par François Hollande.
Polysémique « système »
Sur cette carte politique en pleine reconfiguration, les repères lexicaux et idéologiques des camps en présence sont devenus des sables mouvants où se perdent citoyens et commentateurs. Or la délibération démocratique ne peut avoir lieu, et faire avancer la France, lorsque glissements de sens et brouillage des valeurs érodent ou dénaturent les mots mêmes qui devraient constituer le socle d’une identité et d’un avenir communs.
Au titre des mots flous que tous se disputent comme l’étendard de la victoire, « système », « caste » et « révolution », mots polysémiques que chacun remplit en fonction de ses animosités et de son programme. De Le Pen à Mélenchon en passant par Fillon et Macron, tous dénoncent « le » système, alors même que chacun désigne par ce mot une réalité différente : un mode de représentation politique et des médias qui l’excluent du pouvoir pour Mme Le Pen, une administration étatique « à bout de souffle » qui étouffe l’énergie des Français pour Fillon, les vieux appareils partisans et le clivage droite/gauche pour Macron, la structure de domination sociale et de dévastation écologique du système capitaliste pour Jean-Luc Mélenchon. Le point commun ? Tous entendent s’exclure du fameux « système » qu’ils dénoncent et se soustraire ainsi opportunément à la vindicte populaire qu’ils attisent en lançant en pâture des boucs émissaires.
Loin d’avoir un sens précis, ces mots à la mode sont à la fois le symptôme du malaise démocratique actuel, où il vaut mieux se positionner en « outsider » que s’exposer au dégoût des Français pour la classe politique, et une sorte de blanc-seing brandi par chacun comme une preuve de virginité et de radicalité. Font-ils avancer le débat sur ce qu’il faudrait changer ? Clarifient-ils les positions, explicitent-ils les valeurs de chacun ? Garantissent-ils que les programmes proposés produiraient des résultats tangibles, mesurables ? Non. On est dans la politique émotionnelle et fusionnelle, où agiter des mots étendards aussi vagues que doux à l’oreille de citoyens mécontents tient lieu d’explication du monde.
Reprendre les mots « volés », disait Jean-Luc Mélenchon dans « l’Ère du peuple » : « Commença une ère spéciale. Non plus celle de l’abus de langage traditionnel chez tant de politiciens. Mais l’ère du vol des mots. Les mots furent confisqués et mis sur des objets sans rapport avec eux. Sans les mots pour parler des réalités qui nous intéressent, comment penser correctement ? Et même comment penser tout simplement ? » s’interrogeait-il.
La langue, ce bien commun
Effectivement, il serait temps que la gauche reparle des droits des femmes – selon notre étude, « Ce qu’ils disent vraiment » (voir « Pour en savoir plus » ci-contre – NDLR), c’est bien Mme Le Pen qui a le plus parlé des femmes ces trois dernières années –, de laïcité – là encore, le Front national est en tête –, mais aussi de ces mots simples et forts qu’elle a abandonnés, au premier rang desquels l’égalité, parent pauvre du discours politique. Même Jean-Luc Mélenchon parle davantage des « entreprises » que d’« égalité » ; et le mot valeur qu’il utilise le plus est la « souveraineté ».
Mais il faudrait aussi se départir des mots fourre-tout, des mots flous, des mots faux qui caressent dans le sens du poil rancunes et rancœurs, fussent-elles légitimes. Quand Jean-Luc Mélenchon se dispute avec Marine Le Pen le « peuple » et qu’il s’insurge dans les mêmes termes contre les « européistes », les « eurobéats » et la « caste politico-médiatique », leurs différences idéologiques risquent de s’effacer aux yeux des électeurs, plus sensibles aux similitudes de rhétorique et de ton.
Dans son ouvrage prémonitoire sur le totalitarisme, « Psychologie des foules », Gustave Le Bon écrivait en 1895 : « La puissance des mots est si grande qu’il suffit de termes bien choisis pour faire accepter les choses les plus odieuses. » Prenons garde que, à force de brouiller notre bien commun, la langue, et de vider les mots de tout contenu stable et tangible, nos représentants ne préparent les électeurs à succomber aux séductions démagogiques les plus dangereuses.

dimanche 26 février 2017

Rapport d’activité des député(e)s Front de gauche

La session parlementaire sera suspendue en raison de la campagne électorale pour la présidentielle puis pour les législatives : à l’Assemblée nationale jusqu’au 18 juin et au Sénat jusqu’au 30 juin. Le 29 juin sera publiée au Journal officiel la composition des huit commissions permanentes de l’Assemblée.
Les député(e) du Front de gauche publie sur leur site un document en date du 23 février, qui dresse unbilan non exhaustif de la 14ème législatureà la date du 1er octobre 2016.
Il ambitionne de présenter, de manière synthétique, les textes les plus symboliques examinés et adoptés lors de cette législature, avec l’indication du vote des députés. Il présente également leurs initiatives parlementaires (Propositions de lois examinées dans le cadre de l’ordre du jour réservé, rapports d’information, commissions d’enquête…).
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samedi 25 février 2017

Avec Macron, le capital peut dormir tranquille (Olivier Dartigolles)

Le programme économique d'Emmanuel Macron, présenté ce jour, en dit long sur la détermination du candidat des puissances de l'argent – sur ce point, François Bayrou avait vu juste - à dépecer l'Etat social et les politiques publiques de solidarité. De quoi Macron est-il le nom ? D'un vieux projet porté par les forces patronales les plus réactionnaires du pays dont l'objectif est de mettre la main sur le pouvoir politique et la puissance publique pour des intérêts privés.

Après avoir annoncé il y a quelques jours la suppression des actifs financiers du calcul de l'assiette de l'ISF, Emmanuel Macron se montre encore plus obséquieux que Fillon vis-à-vis des marchés financiers et de l'Allemagne de Merkel et Schaüble. Il faut dire qu'il les connaît bien. Comme secrétaire général adjoint de l'Elysée au début du quinquennat Hollande, c'est lui qui conduisait la délégation française pour ne pas renégocier le Traité budgétaire européen. Il s'applique donc aujourd'hui, avec le respect des 3 % de déficit, les 120.000 postes de suppressions de fonctionnaires et 60 milliards de baisse dans la dépense publique, à envoyer le message d'une France acceptant une austérité toujours plus aggravée.

Avec Macron, le capital peut dormir tranquille et même faire de très beaux rêves. Le bon élève coche toutes les cases les unes après les autres : la flexibilisation du marché du travail, la baisse des cotisations patronales de 6 points financée en partie par une hausse de la CSG, une pression autoritaire exercée sur les demandeurs d'emploi. Par contre, on ne trouve absolument rien pour changer le comportement des banques et la politique monétaire.

Le meilleur chemin à prendre pour ne pas avoir Macron/Bayrou face à Marine Le Pen est un rassemblement des forces de gauche et écologistes sur des solutions fortes, dont la mise en œuvre dès le début d'une prochaine mandature permettrait un vrai changement. C'est pourquoi le PCF propose d'en discuter le 28 février lors d'une rencontre publique dont le thème sera : « l'ennemi , c'est toujours la finance, prenons le pouvoir sur les banques » ;

Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF

Avec les forces anti-austérité, Ruffin part en jacquerie législative

Grâce au soutien de l’ensemble des forces de gauche hors PS, le journaliste et initiateur de Nuit debout est candidat à l’élection législative chez lui, dans la Somme, dans une circonscription emblématique.
Ce vendredi, dans la petite ville de Longueau, à la périphérie d’Amiens, les oiseaux font entendre les chants que les habitants avaient oubliés depuis des mois. Jusqu’à ce que, du parking de la mairie, un vacarme tonitruant vienne faire voler en éclats la quiétude de cette fin d’après-midi. Camion à (puissante) sono, drapeaux invitant à une « Picardie debout », Çasuffix, la mascotte vivante en forme de betterave : les gens du cru reconnaissent aisément la patte Fakir, celle de François Ruffin, le journaliste amiénois, réalisateur du film Merci patron ! et ­désormais candidat de la gauche (hors PS) à l’élection législative dans la première circonscription de la Somme.

En 1984, Bernard Arnault accélère la casse de l’industrie locale

Le temps de se répartir dans les voitures, le cortège se met en marche, haut-parleurs hurlants et drapeaux aux fenêtres. À chaque village, de nouvelles voitures rejoignent la file. Direction Flixecourt, cœur géographique de la circonscription, mais aussi son cœur politique et social. Flixecourt, c’est une petite ville symbole de la grande époque du capitalisme industriel familial et paternaliste. Toute la cité s’est construite autour des usines de textile Saint-Frères : crèches, magasins coopératifs, habitats ouvriers. Un passé révolu dont reste aujourd’hui comme symboles les châteaux des maîtres dominant la ville. À travers le temps, les maîtres ont changé. Et l’un d’eux a accéléré la déchéance de l’industrie locale : en 1984, l’usine fait partie des premières acquisitions d’un certain Bernard Arnault, qui en pille les richesses avant d’entraîner sa liquidation. « Flixecourt, c’est le point de départ de mon film, c’est le point de départ de la fortune de Bernard Arnault », explique Ruffin. Ce sera donc aussi le point de départ de sa campagne législative.
Le choix de cette circonscription ne relève donc aucunement du hasard. Longtemps terre rouge vif (ce fut celle du député PCF Maxime Gremetz), elle a ­légèrement pâli après le ­redécoupage des circonscriptions en 2010. Aux ­législatives de 2012, c’est une socialiste, Pascale Boistard, qui y a été élue. Devenue entre-temps membre du gouvernement (secrétaire d’État aux Droits des femmes, puis aux ­Personnes âgées), elle est depuis devenue l’une des ferventes défenseuses de la ligne Valls. Mais sur cette circonscription, c’est surtout le FN qui gagne du terrain. « 51 % des ouvriers qui se sont déplacés aux urnes aux dernières régionales ont voté FN, rappelle François Ruffin. Certains disent : “le plus gros parti c’est l’abstention”, mais il y a les chiffres et puis il y a ce que tu sens quand tu vas au bistrot. Les gens qui parlent maintenant, c’est ceux qui votent FN. » Pour cette législative, l’extrême droite sera représentée par le comédien Franck de La ­Personne, qui, malgré une carrière médiocre, faisait récemment la fierté du FN.
Vendredi, à 19 heures, l’espace culturel Le Chiffon Rouge est déjà plein à craquer. Sur scène, ce soir, ce sont les salariés de Whirlpool à Amiens, qui ont récemment appris la fermeture de leur usine pour 2018, qui sont à l’honneur. En mesure de rétorsion, Ruffin veut une loi pour interdire les produits Whirlpool en France. Il rêve de « nouvelles jacqueries qui partiraient de la Picardie » et fait sien le mot d’ordre d’alors « Paix au hameau, feu au château ».

« Il a débloqué des trucs encore figés ailleurs. C’est incroyable ! »

Lui qui comme député veut être « un individu qui vote librement, pas aux ordres d’un parti » a réussi un tour de force, à ce jour unique dans le pays : rassembler autour de sa candidature l’ensemble des forces de la gauche en dehors du PS : PCF, EELV, France insoumise, Ensemble ! C’était même la condition qu’il avait fixée à sa candidature. « Je n’ai jamais cru au mouvement citoyen qui venait de zéro, explique-t-il. Je n’ai jamais cru qu’on pouvait aller dans une lutte électorale sans avoir les organisations. Je ne suis pas du tout “du passé faisons table rase”. » Ce soir-là, dans le public, à Flixecourt, Julien Bayou, conseiller régional EELV en Île-de-France et figure des mouvements sociaux de Jeudi noir à Nuit debout, est venu soutenir la démarche. « C’est un beau pari de rassembler toute la gauche. Il a débloqué des trucs encore figés ailleurs, ­notamment le soutien de la France insoumise ! C’est ­incroyable », s’enthousiasme-t-il. À Flixecourt, ce vendredi soir, la dynamique du rassemblement semblait en tout cas fonctionner. Au point même d’y croiser quelques élus socialistes, encore incognito, mais prêts à faire connaître bientôt leur choix de la gauche unie, face à celle qui a renoncé.

vendredi 24 février 2017

L'ennemi, c'est toujours la finance

Sortir de l’austérité et de la précarité, combattre les inégalités et les discriminations, maîtriser la révolution numérique et informationnelle, engager la transition écologique, développer les services publics ... une telle politique nécessite de changer l’utilisation de l’argent ! Le PCF propose des mesures concrètes qu’une majorité de gauche pourrait mettre en œuvre immédiatement à l’appui des luttes sociales. 

                   De l’argent à gogo pour les profits ...

220 milliards d’euros : c’est le montant annuel de l’argent public utilisé pour réduire les « charges » sociales et fiscales des entreprises en France (du crédit d’impôt compétitivité emploi aux exonérations de cotisations patronales) !
... et zéro résultat pour l’emploi et la croissance !
Avec tout cet argent, le chômage devait baisser, les entreprises devaient relancer l’investissement, la croissance devait repartir ... La réalité est tout autre.
+ 1,1 million d’inscrits à Pôle emploi en 4 ans. 9 millions de pauvres en 2016. Et la précarité de l’emploi comme norme : 87 % des déclarations d’embauches en particulier des jeunes sont des CDD ! L’investissement ne repart pas et la croissance reste atone.
Les travailleurs et citoyens valent mieux que l’insécurité sociale et les sacrifices à l’infini qui ne servent que les intérêts financiers de quelques-uns ! 
Stop à l’évasion fiscale !
60 à 80 milliards d’euro : c’est le montant annuel de l’évasion scale en France. Les communistes veulent mettre un terme à ce scandale. Alain et Éric Bocquet, parlementaires communistes, formulent des propositions inédites dans leur livre, comme la proposition d’une COP fiscale mondiale à l’image de la COP 21 qu’ils viennent de faire adopter à l’Assemblée nationale ! 

Prenons le pouvoir sur l’argent ! Avec leur projet la France en commun les communistes proposent :
Au niveau local
Assurer un droit d’accès des salariés-citoyens et des élus à des informations détaillées sur l’utilisation de l’argent par les banques et sur les aides publiques aux entreprises.
Donner pouvoir à des fonds régionaux pour l’emploi et la formation d’utiliser l’argent des aides publiques actuelles pour que les banques accordent des crédits aux entreprises sur critères sociaux et écologiques.
Organiser le contrôle démocratique sur le territoire de l’utilisation effective de cet argent public par les entreprises.
Au niveau national
Nationaliser la Société générale et BNP-Paribas et les intégrer à pôle public nancier pour répondre aux besoins humains.
Créer un fonds national pour l’emploi et la formation chargé d’assurer la cohérence nationale des fonds régionaux.
Refondre par la loi le statut des banques coopératives et mutualistes et redéfinir la place des échelons nationaux pour garantir le pouvoir des sociétaires dans les caisses locales.
Réformer la fiscalité des entreprises en augmentant l’impôt pour les entreprises qui privilégie les profits financiers et en le diminuant pour celles qui respectent des critères sociaux (niveau de rémunération des salariés par exemple) et écologiques (conséquences de l’activité sur l’environnement).
Au niveau européen et mondial
Placer la BCE au service de l’emploi et de l’économie réelle en l’autorisant à alimenter un fonds de développement économique social et environnemental servant à financer l’expansion des services publics dans toute l’Europe.
Engager le combat pour une monnaie commune mondiale au service de projets de développement sur l’ensemble de la planète. 
Des pouvoirs nouveaux dans les entreprises
Créer un droit de veto au CE sur les décisions des employeurs en matière de licenciement et obliger légalement l’employeur à tenir compte des propositions alternatives des salariés.
Instituer les moyens légaux d’obliger les banques à nancer ces propositions alternatives. 

jeudi 23 février 2017

Chassaigne (PCF) exhorte à une seule candidature à gauche

Présidentielle: Chassaigne (PCF) exhorte à une seule candidature à gauche pour éviter "une catastrophe"
Le chef de file des députés Front de Gauche, André Chassaigne, a encore exhorté mardi à une seule candidature de "gauche anti-libérale" à la présidentielle, loin du repli sur les ego, pour éviter "une catastrophe" d'un second tour droite-extrême droite.
Insistant sur "une situation historique de risque terrible d'un second tour sans candidat de gauche - je ne place évidemment pas Emmanuel Macron à gauche - mais avec une droite extrême représentée par François Fillon et l'extrême droite", le député communiste a déclaré en conférence de presse "ne pas pouvoir comprendre qu'on ne fasse pas passer l'intérêt général" avant tout.
Alors qu'un accord entre le candidat socialiste Benoît Hamon et celui de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon semble inatteignable, M. Chassaigne a considéré que le "sens de la responsabilité collective devrait balayer tout le reste", mettant en garde "ceux qui se seront repliés sur leurs seuls discours et ego".
Sans union devant "la catastrophe à conjurer", a encore averti cet élu du Puy-de-Dôme, "on regrettera demain si l'histoire s'écrit (...) avec un travail de démolition de toutes les conquêtes sociales et un contexte mondial de montée des populismes".

mardi 21 février 2017

Adresse du Parti communiste au peuple de France


   Pour le changement, un pacte pour une nouvelle majorité de gauche

Vous êtes des millions à vouloir tourner la page d'un système politique réduit à l’impuissance et rongé par les forces de l’argent. Vous êtes des millions à être en colère contre des politiques dures pour les faibles et faibles contre les puissants, contre toutes les discriminations, contre une finance qui détruit tout dans notre pays, de l’emploi aux relations humains les plus précieuses.

Vous voulez pouvoir intervenir et décider sur tout ce qui concerne votre vie, votre travail. Une victoire de la droite ou de l’extrême droite aux élections de 2017 précipiterait le pays vers plus de misère, d’arbitraire et de division. Marine Le Pen veut faire régresser la France en l’entraînant dans le sillage du sinistre Donald Trump. François Fillon veut liquider la Sécurité sociale et tous nos services publics. Emmanuel Macron veut étendre la logique de l’ubérisation libérale à tous les domaines de la vie et du travail. Nous ne voulons pas de ces années noires pour notre pays.

C’est pour éviter ce désastre que nous les communistes, nous voulons lors des élections présidentielle et législatives de mai et juin prochains, faire gagner la gauche : une gauche qui reconstruise une grande politique de justice, d’égalité et de paix. Une gauche qui engage une politique de lutte efficace contre le chômage, les inégalités et la pauvreté, de sécurisation de nos vies, de droits nouveaux pour les salariés et les citoyens.
Nous ne voulons pas la politique qui nous a tourné le dos ces cinq dernières années en emboîtant le pas aux forces libérales. La gauche que nous voulons, c'est celle qui s’est battue contre la loi Travail, contre le projet de déchéance de nationalité, qui se bat pour l’avenir des services publics, qui peut ouvrir un nouvel avenir de progrès à la jeunesse.
Il y a quelques mois, cela paraissait irréaliste. Aujourd’hui, la présence au second tour de l'élection présidentielle d'une candidature porteuse de ces combats et la constitution en juin d'une majorité de gauche et écologiste paraissent à nouveau possibles. C’est ce pourquoi nous nous battons depuis un an : nous n’avons pas présenté de candidat communiste à l’élection présidentielle pour le permettre. Nous soutenons Jean-Luc Mélenchon, dont le programme est le plus proche du nôtre, avec cet objectif.
Ce qui doit être au cœur de tout, c'est un pacte de majorité, clair et transparent qui se donne les moyens du changement.
Voilà pourquoi nous appelons les candidats et les forces de gauche à intensifier leurs discussions jusqu'à conclure ensemble un pacte de majorité pour gouverner la France.
Nous voulons élire en mai un président de gauche, en juin une majorité de députés de gauche à l’Assemblée nationale, qui appliquera une politique de rupture avec l’austérité. Au sein de cette majorité, élire des députés communistes et du Front de gauche bien plus nombreux qu’en 2012. Et surtout, il faudra rester mobilisés et vigilants avant, pendant et après les élections, comme lors du Front populaire face au grand patronat, à la droite et à l’extrême droite.
Nous communistes, nous proposons que ce pacte comporte :
une 6e République qui nous sorte du régime présidentiel, avec notamment la proportionnelle à toutes les élections et un statut de l'élu-e, des droits nouveaux pour les salariés dans les entreprises, le droit de vote des étrangers résidant en France, le récépissé contre les contrôles de police au faciès ; la constitutionnalisation du droit à l'avortement.
un programme de relance sociale avec l’abrogation de la loi El Khomri et son remplacement par une loi de sécurité de l’emploi et de la formation, l'augmentation des salaires, des minimas sociaux et des pensions, la diminution du temps de travail, la retraite à 60 ans, une nouvelle ambition pour la Sécurité sociale, avec un retour progressif vers un remboursement de tous les soins à 100 %.
un plan global d’action pour l’autonomie et l’émancipation de la jeunesse dans tous les domaines : petite enfance, éducation, culture, sports, santé, logement, emploi.
la création d'un ministère de plein droit pour l'égalité femmes-hommes et le renforcement des dispositifs contraignants pour l'égalité salariale et professionnelle.
la lutte contre toutes les discriminations, qu'elles soient liées à l'origine, à la confession, à l'orientation ou l'identité sexuelle, la maladie ou le handicap.
la lutte contre la finance avec un plan d’action contre l’évasion fiscale, une COP fiscale mondiale, la création d’un pôle public bancaire pour changer le rôle du crédit, avec la nationalisation de BNP-Paribas et de la Société générale.
un plan de bataille pour la France en Europe avec la remise en cause du traité budgétaire européen et un plan d'investissement financé par la BCE. Il servirait en France à la lutte contre l'exclusion et la pauvreté, à l’investissement massif pour les services publics, au logement pour tous et aux collectivités locales.
un plan cohérent de nouvelle industrialisation créant un million d’emplois dans toutes les filières utiles au développement humain s'appuyant sur un effort recherche développement conséquent, de transition écologique avec un mix énergétique renouvelables-nucléaire sous contrôle public, de développement d’un nouveau modèle agricole.
Nous proposons à tous les candidats et toutes les forces de gauche de discuter ces propositions. Le Parti communiste demande pour cela à les rencontrer.
Dans le même mouvement, nous vous proposons donc à tous, sans attendre le jour ultime du vote, de multiplier les luttes sociales, les rencontres publiques de terrain, les débats sur les réseaux sociaux, de lever un immense forum citoyen pour faire entendre de toutes les manières possibles cette exigence d’union et d’engagement autour d’un pacte capable de changer vraiment la vie.
Nous ouvrirons à toutes les forces de gauche notre prochaine rencontre nationale le 28 février à la Bellevilloise à Paris sur le thème : « L'ennemi, c'est toujours la finance ».
Nous proposons que se tienne dans les plus brefs délais une grande rencontre de débat public pour un pacte de majorité à gauche avec les candidats et les forces qui les soutiennent. De nombreux citoyens le souhaitent. Pour notre part nous y sommes prêts.
À l'heure du dépôt des parrainages pour l’élection présidentielle, il faut avancer vite. Nous appelons également tous nos concitoyens à se mêler sans attendre des élections législatives. L’heure est à la mobilisation partout. Là aussi, les communistes et leurs candidats appellent au rassemblement pour garantir les moyens du changement espéré par nos concitoyens.
                                                                             Parti communiste français,
                                                                                   Paris, le 21 février 2017.