vendredi 8 septembre 2017

Météo. Les Haïtiens, seuls face au pire ouragan des Caraïbes

L’Sil du cyclone Irma, d’un diamètre de 50 km, cet ouragan de catégorie 5, traverse toute la partie nord des îles des Caraîbes. J. Romero/AFP/NOAA/RAMMB
L’ouragan Irma a frappé, hier, les îles Saint-Barthélemy et Saint-Martin, occasionnant des « dégâts matériels importants ». Il pourrait atteindre Haïti, où les habitants redoutent le pire.
Des rafales à près de 360 km/h : annoncé comme l’ouragan le plus puissant jamais enregistré dans les Caraïbes, Irma fonçait, hier, en fin d’après-midi, vers Haïti, après s’être abattu sur les îles françaises de Saint-Barthélemy et Saint-Martin « avec une intensité sans précédent », selon Météo France. À l’heure où nous écrivons ces lignes, cet ouragan de catégorie 5, le niveau maximum d’alerte, y avait causé des « dégâts matériels importants », d’après la ministre des Outre-mers, Annick Girardin. Les pertes pourraient s’avérer bien plus extrêmes en Haïti, où les habitants s’attendaient à une nouvelle catastrophe, tant les moyens de protection mis à leur disposition s’avéraient dérisoires. Hier matin, soit quelques heures avant le passage annoncé d’Irma au large de leur île, les Haïtiens des quartiers pauvres n’avaient pas été informés du danger encouru. « Je ne savais pas qu’un cyclone arrivait, parce qu’on ne reçoit pas l’électricité ici, donc on ne peut pas avoir d’information », explique, à l’AFP, Jacquie Pierre. Depuis le début de l’année, la jeune femme de 25 ans a déjà vu son habitation inondée à deux reprises. « Souvent, l’eau déborde et envahit toute la zone, mais ça n’a jamais été à cause d’un cyclone. Si vous dites qu’un gros cyclone va nous arriver ici, alors c’est la fin du monde pour nous », se désole un voisin. Ici, 90 % des bâtiments sont faits de toits en tôle, incapables de résister à des rafales de vents violents…
En périphérie de la deuxième ville d’Haïti, au centre d’opérations d’urgence, les campagnes de sensibilisation des habitants n’avaient pas encore été lancées car les équipes de la protection civile étaient encore occupées à recenser les équipements et personnels disponibles.

« Une submersion majeure des parties basses du littoral »

Le mandat de la mission onusienne prenant fin mi-octobre, les casques bleus ont mis un terme à leurs opérations, quittant le pays en emportant les équipements lourds qui ont, à plusieurs reprises, servi lors des inondations saisonnières. « Nous n’avons plus le support de la Minustah (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti) et aussi, dans le département, il n’y a pas beaucoup d’ONG qui interviennent dans le cadre de la gestion des risques, ça rend la situation difficile », confiait, à l’AFP, Jean-Henri Petit, le coordonnateur technique de la protection civile. Trois ambulances pour couvrir tout le département du Nord, qui compte plus d’un million d’habitants, à peine plus de camions pour tenter de nettoyer ravines et canaux d’évacuation des eaux, perpétuellement remplis d’ordures faute d’avoir un système de ramassage… C’est peu dire que les habitants se sentent abandonnés par les autorités.
Côté français, les autorités n’avaient pas connaissance de pertes humaines. Les rares informations restaient cependant « extrêmement alarmantes ». Annick Girardin a d’ailleurs annoncé qu’elle se rendait en Guadeloupe « avec de nouveaux renforts humains et matériels pour la zone ».
Après le passage de l’œil du cyclone, d’environ 50 km de diamètre, Météo France a évoqué « une submersion majeure des parties basses du littoral », la mer déferlant « avec une violence extrême » sur les rivages. Les correspondants de l’AFP à Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont fait état de vents accompagnés de pluies diluviennes et d’éclairs, d’arbres arrachés. Dans les deux îles, l’électricité a été coupée dans certains quartiers, les connexions téléphoniques interrompues. Un journaliste de la radio RCI, confiné dans la salle de bains de sa chambre d’hôtel de Saint-Martin, a décrit sur Facebook une « situation catastrophique », « un bâtiment qui bouge énormément ». « Le côté est de l’hôtel a littéralement explosé, la toiture également. »
Les deux îles avaient été placées dans la nuit de mardi à mercredi en alerte violette, qui impose le confinement total de la population. Paris a aussi activé la cellule interministérielle de crise, et une soixantaine de professionnels de la sécurité civile ont été envoyés en renfort dans les deux îles. « La mobilisation de l’État est générale. Ça a été anticipé, l’avant et l’après-ouragan. Nous sommes mobilisés pour agir très, très vite », a précisé Annick Girardin, néanmoins inquiète pour les quelque 7 000 personnes ayant refusé de se mettre à l’abri.

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