jeudi 18 janvier 2018

L'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : une victoire politique majeure pour Nicolas Hulot

Le ministre de l'écologie était opposé depuis longtemps à ce "projet du XXe siècle", "ruineux, inhumain et inutile". Et beaucoup avaient fait du sort du dossier, paralysé depuis plus de 40 ans, un marqueur de son influence réelle au sein du gouvernement, à même de le pousser à claquer la porte.

L'abandon du projet

Le projet de construction d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes "sera abandonné" car les "conditions" de sa mise en oeuvre "ne sont pas réunies", et le gouvernement mettra "fin à la zone de non-droit" sur le site, a annoncé mercredi le Premier ministre Edouard Philippe.
Le président du syndicat mixte aéroportuaire (SMA) Philippe Grosvalet avait auparavant indiqué à l'AFP que le projet était abandonné, après avoir eu au téléphone un conseiller du Premier ministre.
Les "terres" sur lesquelles le projet devait être édifié ne seront pas gardées par l'Etat, a précisé Edouard Philippe, qui a annoncé que l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique serait "modernisé" avec une procédure engagée pour "rallonger la piste", ainsi que celui de Rennes "si la région le souhaite".

Le rôle du ministre de l'écologie ?

Nicolas Hulot avait-t-il posé le dossier sur la table avant d'accepter d'entrer au gouvernement, en mai 2017 ? Début 2016, il avait décliné l'offre de ministère faite par François Hollande faute d'assurances notamment sur l'abandon du projet.
L'intéressé assure qu'"il n'y a jamais eu de deal" passé avec le Premier ministre Edouard Philippe. "J'ai dit à Edouard Philippe et Emmanuel Macron quelles étaient mes convictions profondes. Mon opposition à ce nouvel aéroport était donc connue de tous".
Nicolas Hulot "n'a pas fait de chantage sur ce sujet, ni à son entrée au gouvernement, ni ces derniers jours", assure le député LREM Matthieu Orphelin, un proche.
Le candidat Emmanuel Macron avait, dès février 2017, annoncé au WWF son intention de lancer une médiation, se montrant plus ouvert qu'auparavant à une modernisation de l'actuel aéroport Nantes-Atlantique.
"Vous n'imaginez pas une seconde qu'avec Nicolas Hulot entré au gouvernement, Notre-Dame-des-Landes puisse se faire!", avait jugé Pascal Canfin, directeur du WWF, au lendemain de la nomination du ministre.
Agiter une menace de démission, "ce n'est pas ma conception de la démocratie", a récemment assuré le populaire ministre. "Je ne veux rien obtenir par le chantage. Ce ne serait pas sain, ni durable".
Depuis la publication mi-décembre du rapport jugeant "raisonnablement envisageables" les deux options (NNDL ou extension de Nantes-Atlantique), Nicolas Hulot était néanmoins revenu dans le jeu discrètement, au côté d'autres ministres, recevant les élus avec Edouard Philippe chargé de conduire le dossier.
Né dans les années 60, relancé en 2000, attribué à Vinci par appel d'offres en 2010, l'aéroport "du Grand Ouest" a traversé un demi-siècle sans mise en chantier. Sous le quinquennat de François Hollande, un référendum consultatif local en Loire-Atlantique avait débouché sur une vote favorable (55,17%) au projet.

Le sort de la ZAD

Par ailleurs, a poursuivi M. Philippe, "nous mettrons fin à la zone de non-droit qui prospère depuis près de dix ans sur cette zone".
"Les trois routes qui traversent le site de Notre-Dame-des-Landes doivent maintenant être rendues à la libre circulation pour tous. Les squats qui débordent sur la route doivent être évacués, les obstacles retirés, la circulation rétablie. A défaut, les forces de l'ordre procèderont aux opérations nécessaires", a-t-il prévenu.
"Conformément à la loi, les agriculteurs expropriés pourront retrouver leurs terres s'ils le souhaitent. Les occupants illégaux de ces terres devront partir d'eux-mêmes d'ici le printemps prochain ou en seront expulsés", a poursuivi Edouard Philippe.

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