mercredi 4 avril 2018

L'union fait leur force

Ce premier jour de la grève unitaire à la SNCF a été très suivi, hier. Le signe d’une colère et d’une détermination qui déjouent les scénarios d’une « réforme » jouée d’avance.
Des quais vides de trains et de passagers. Les images saisissantes de gares désertées en disent plus long sur la réussite de la grève des cheminots que les chiffres fournis par la SNCF, selon laquelle ‘‘seul’’ un tiers des effectifs de l’entreprise publique (33,9 %) auraient cessé le travail hier, contre 35,4 % le 22 mars. Les trains qui n’ont pas circulé ce mardi fournissent un autre décompte : sept TGV sur huit annulés, quatre trains régionaux sur cinq (TER et Transilien) et entre 50 et 80 % des RER restés au dépôt. Pour expliquer ce décalage, la direction a fait valoir un taux de grévistes très supérieur chez les personnels indispensables à la circulation, soumis à déclaration préalable : 48 % auraient manifesté leur « intention » de cesser le travail, dont 77 % rien que chez les conducteurs. Un chiffre que la CGT cheminots, syndicat majoritaire, estimait pour sa part lundi soir à 83 %, et à 1 salarié sur 2 tous personnels confondus.
Reste une réalité incontournable : ce premier jour d’une grève appelée dans l’unité la plus complète par tous les syndicats représentatifs (CGT, Unsa, SUD et CFDT) contre un projet qui « vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme », selon eux, a été particulièrement suivi. Le signe d’un mécontentement et d’une détermination qui déjouent les scénarios d’une « réforme » plus facile à mener qu’en 1995, par exemple. Pour cela, l’exécutif comptait, outre sur sa majorité très large à l’Assemblée nationale pour valider fissa les ordonnances, sur la bienveillance d’une opinion publique préparée depuis des années par le travail de division des salariés entre eux. Pourtant, à rebours de cette entreprise de conditionnement et malgré l’avalanche des reportages traditionnels sur la « galère des usagers », le sentiment d’une mobilisation justifiée gagne des points dans l’opinion : 46 % sont désormais de cet avis selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, contre 42 % quinze jours auparavant selon ce même institut pour CNews et Sud Radio. C’est davantage que la grève des transports pour les « régimes spéciaux » de 2007 (37-38 % qui l’estimaient « justifiée »). Certes, une majorité (53 % ; - 5) reste pour l’instant plutôt de l’avis du gouvernement. Mais la dynamique n’est pas de son côté : 48 % ne souhaitent pas qu’ils mènent son projet à terme, et déjà, des secteurs cruciaux ont ‘‘basculé’’ majoritairement du côté des cheminots, à l’instar des moins de 35 ans et des catégories modestes.

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